« Elle resplendit par ses hauts faits »

A la messe des échevins, Mgr Aveline est revenu sur l'accueil du pape François à Marseille et tout le déroulé des Rencontres méditerranéennes MED 23

Lors de la messe du Vœu des Échevins du vendredi 16 juin 2023 à la basilique du Sacré-Cœur, le cardinal Jean-Marc Aveline est revenu sur les Rencontres méditerranéennes, « ce grand événement, qui ne concerne pas seulement les catholiques, mais bien au-delà, tous les habitants de Marseille, des supporters de l’OM jusqu’aux entreprises de la Chambre de commerce, en passant par les élèves de la Fask Academy ».  

« L’année dernière, pour fêter dignement le troisième centenaire du vœu des Échevins, nous avions accueilli à la Vieille Major le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État du Saint-Siège. En fin de matinée, lors d’une petite rencontre à Notre-Dame de la Garde avec les prêtres, les diacres et les laïcs en responsabilité dans le diocèse, le cardinal, inspiré sans doute par la beauté du site, s’était laissé emporter dans une envolée tant historique que mystique, qu’il me semble important de relire avec vous ce matin, parce qu’elle nous replonge dans la vocation de notre ville et de notre Église. Il disait :

« D’ici (c’est-à-dire de la colline de la Garde), nous voyons en esprit les bateaux amener de la Grèce antique ces Phocéens qui furent accueillis par la population locale au septième siècle avant Jésus-Christ. Le récit du mariage de la fille du roi celte avec le marin grec venu de loin nous rappelle que la naissance de la ville de Marseille s’inscrit dans la qualité d’un accueil qui n’a pas craint la rencontre de cultures différentes.

Si nous continuons de scruter la mer, nous voyons arriver ces disciples de Jésus que vous aimez honorer. Ils vous ont apporté la foi dans les tout débuts du christianisme. Marseille est alors devenue une communauté de martyrs, de saints, de moines, de théologiens. À côté de celui de Lazare, votre saint patron, les noms de saint Victor, de saint Jean Cassien, de plusieurs saints évêques, dont Eugène de Mazenod, de la bienheureuse Marie Deluil-Martiny, du bienheureux Jean-Baptiste Fouque, pour ne citer que ceux-là, sont inscrits dans votre histoire et dans les pierres de votre ville.

Dès le début, les chrétiens ont remonté le Rhône, faisant de Marseille une base de départ pour l’annonce de l’Évangile. Ensuite, combien de bateaux sont partis du port de Marseille pour emporter des missionnaires en Afrique et en Asie. Assurément, pour ces raisons et pour bien d’autres encore, la ville mérite sa devise : “elle resplendit par ses hauts faits”. »

C’était l’année dernière, pour la fête du Sacré-Cœur. Et voici que, dans un peu plus de trois mois, s’il plaît à Dieu, nous recevrons le Pape François. Bien, sûr, nous souhaitons tous que cette visite papale soit l’un de ces « hauts faits », dont notre ville resplendira et nous faisons tous de notre mieux pour qu’il en soit ainsi. Je remercie chaleureusement, à cet égard, non seulement les très nombreux bénévoles qui ont déjà proposé leur aide, mais aussi la Ville de Marseille, les collectivités territoriales, la Préfecture et tous ceux qui apportent leur concours, dans le respect des règles de la laïcité, à la préparation de ce grand événement, qui ne concerne pas seulement les catholiques, mais bien au-delà, tous les habitants de Marseille, des supporters de l’OM jusqu’aux entreprises de la Chambre, en passant par les élèves de la Fask Academy, cette école de production textile implantée aux Aygalades.

Car nous préparons trois événements en un : d’abord une rencontre des évêques de la Méditerranée. Je le mets en premier car c’est d’abord à cause de cela que le Pape vient. Ces évêques seront environ soixante-dix provenant, entre autres, de Barcelone, Rabat, Alger, Tunis, le patriarche copte catholique d’Égypte, des évêques du Liban, de Syrie, d’Irak, dont le patriarche de l’Église catholique chaldéenne. Il y aura aussi un évêque de Turquie, un de Roumanie, un autre de Bulgarie, l’évêque latin d’Odessa, ville avec laquelle Marseille est jumelée, un de Géorgie et un d’Arménie, l’archevêque d’Athènes, un évêque du Montenegro, un d’Albanie, l’archevêque de Belgrade, celui de Lubjana et bien sûr des évêques d’Italie et ceux des départements de France riverains de la Méditerranée. Ils seront là du mercredi 20 au dimanche 24 septembre, et le jeudi soir, ils se répartiront dans vingt-six paroisses de notre diocèse, à la rencontre des communautés et des habitants.

Le deuxième événement, c’est une rencontre d’étudiants et de jeunes professionnels de tous les pays méditerranéens. Ils seront environ soixante-dix eux aussi, arriveront dès le dimanche 17 et passeront toute cette semaine à Marseille, travaillant en fin de semaine avec les évêques afin de préparer l’échange avec le Saint-Père le samedi matin. Ces jeunes sont de toutes nationalités et de toutes confessions et religions. Il y aura par exemple, des Israéliens et des Palestiniens, des Turcs et des Grecs, des Marocains et des Algériens, des catholiques, des orthodoxes et des protestants, des juifs et des musulmans. Tous ont accepté de travailler ensemble sur les grands défis de l’espace méditerranéen, le défi socio-économique, le défi environnemental et climatique, le défi migratoire, si dramatique encore ces jours-ci, et le défi géo-politico-religieux. Et tous ont à cœur, face à ces défis, de recueillir les immenses ressources de culture, de sagesse, d’art de vivre ensemble et de spiritualité, que les peuples de la Méditerranée ont aussi forgées au fil de leur histoire. Tout cela sera accompagné d’un grand festival méditerranéen, à la fois culturel et spirituel, afin de permettre à tous de participer à ces rencontres.

Le troisième événement, c’est la venue du Pape, dans la journée du samedi 23. Il y a dix ans, au tout début de son pontificat, le Pape François avait choisi d’effectuer son premier voyage apostolique en se rendant à Lampedusa. Puis, de Rabat à Tirana en passant par Malte et Lesbos, il n’a cessé de poursuivre ce pèlerinage méditerranéen, alertant sur les situations où la dignité de la personne humaine est bafouée et où le tissu de la famille humaine est fragilisé. Quand je l’ai invité à Marseille, je ne lui ai pas caché les difficultés que nous traversons, notamment la disparité économique entre les quartiers de la ville, avec les répercussions de la pauvreté sur l’éducation des enfants et des jeunes, sur la santé des habitants et sur leur sécurité. Je ne lui ai pas caché la prégnance de plus en plus forte des réseaux de la drogue et d’une circulation d’armes qui rend la situation encore plus violente et dangereuse, surtout pour les plus jeunes. Je lui ai parlé des difficultés que nous rencontrons pour l’accueil des personnes migrantes ou réfugiées, difficultés d’autant plus fortes que le taux de chômage est déjà très élevé chez nous. Je lui ai dit tout cela et également tout ce que nous essayons de réaliser pour relever ces défis, tous ensemble, responsables politiques et religieux, acteurs économiques et commerciaux, magistrats et militaires, enseignants et soignants, gendarmes, policiers et pompiers, et tant d’autres corps de métiers appelés à coopérer sur le chantier de cette ville que nous aimons tant. Le Pape m’a écouté et j’ai senti qu’il commençait à nous aimer !

Alors ce matin, afin de nous préparer le cœur pour accompagner le Pape dans l’étape marseillaise de son pèlerinage méditerranéen, méditons ces quelques phrases entendues tout à l’heure : « Si le Seigneur s’est attaché à vous, s’il vous a choisis, […] c’est par amour pour vous » ; « Dieu est amour : qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui » ; « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos ». Vous le voyez, il s’agit surtout d’humilité, d’amour et de confiance.

Marseille, toi qui fus la première ville au monde consacrée au Sacré-Cœur, continue, à l’école de Mgr de Belsunce et de la Vénérable Anne-Madeleine Rémuzat, à faire confiance en l’amour de Dieu. Cultive entre tous ceux qui habitent ici le respect et la fraternité. Marseille, toi qui as reçu l’Évangile par la mer, porté par ceux qui étaient désignés comme des amis du Christ, Lazare et Marie-Madeleine, des gens humbles que la vie avait malmenés, n’oublie pas que l’amitié est le terreau premier de l’Évangile et que la simplicité est le meilleur vecteur de l’espérance. Église de Marseille, toi qui vis grandir tant et tant de saints, prends soin de chacun de tes enfants d’aujourd’hui. Protège leur soif de vérité, encourage leur désir de servir les plus pauvres et aide-les à offrir à tous l’espérance de l’Évangile. Alors tu verras, s’il plaît à Dieu, le Pape lui aussi, en ce samedi 23 septembre, sera fier d’être Marseillais !

Amen ! »

+ Jean-Marc Aveline

Publié le 17 juin 2023